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09.12.2025

Quand les eaux usées fournissent des informations sur les allergies

Les eaux usées dévoilent bien plus que l’on croit sur l’état de santé d’une population. En analysant des échantillons provenant de dix régions suisses, des chercheurs de l’Eawag ont identifié non seulement des résidus de drogues, mais aussi divers médicaments, dont des antihistaminiques. Ces traces offrent des indications sur la présence d’allergies au sein de la population.

Les médicaments, reflet de la saison pollinique

Les chercheurs de l'Eawag analysent des échantillons d'eaux usées provenant de différentes régions de Suisse. Ils ont ainsi détecté des résidus d'antihistaminiques, des médicaments utilisés contre le rhume des foins. Les concentrations de ces substances variaient fortement au fil du temps, avec des fluctuations presque identiques entre les différents antihistaminiques et une corrélation nette avec les niveaux de pollen mesurés dans l’air. Ce schéma était particulièrement évident pour les substances actives largement utilisées que sont la fexofénadine, la bilastine et la cétirizine. Les chercheurs en concluent que l'analyse des eaux usées peut fournir des informations supplémentaires sur les allergies et leur traitement au sein de la population, qui sont autrement difficiles à saisir.

De nouvelles possibilités pour la surveillance des allergies

Les chercheurs estiment que l’analyse des eaux usées pourrait, à l’avenir, compléter les mesures de pollen dans l’air pour évaluer l’intensité de la saison pollinique. Les données de MétéoSuisse, utilisées dans l’application gratuite « Pollen-News », restent la base, mais l’intégration d’informations issues des eaux usées offrirait une image plus complète. Elle permettrait de mieux comprendre la dynamique de la saison pollinique et les réactions des personnes allergiques. L’impact des variations de floraison – influencées par la pollution atmosphérique, la météo ou le changement climatique – pourrait ainsi être interprété avec davantage de précision. Les données pourraient également aider à comprendre pourquoi les symptômes allergiques s’accentuent à certains moments et à identifier des allergènes encore peu connus. En combinant l’analyse des eaux usées avec la mesure automatique du pollen, la surveillance des allergies gagnerait en précision – un avantage concret pour toutes les personnes concernées.

Une image réaliste de la population

La méthode est simple, peu coûteuse et fournit un aperçu objectif sans recourir à des enquêtes. Les antihistaminiques sont analysés dans les mêmes échantillons d’eaux usées que ceux utilisés pour suivre les maladies infectieuses et la consommation de drogues. Les prélèvements réguliers proviennent de dix stations d’épuration utilisées pour la surveillance de l’eau à l’échelle nationale. Si une étude plus large et plus détaillée est actuellement en cours, les données actuelles proviennent principalement de Zürich.

Nous avons discuté des résultats avec le Dr Stephan Baumgartner, premier auteur de l'étude :

Qu'est-ce qui vous a surpris dans ces résultats ?

La diversité des informations contenues dans les eaux usées est remarquable. Les mêmes échantillons permettent d’obtenir, de façon anonyme, des données sur les maladies infectieuses, la consommation de drogues et même l’usage de traitements contre les allergies à l’échelle de la population. Ce dernier aspect est crucial, car il concerne des problèmes de santé très répandus mais difficiles à saisir : ils fluctuent fortement selon le lieu et le moment, échappent en partie à la surveillance clinique et les chiffres de vente ne reflètent que grossièrement l’usage réel en cas de symptômes. Les analyses des eaux usées comblent ces lacunes et offrent des informations complémentaires précieuses – un terrain encore largement inexploré.

Les analyses des eaux usées pourraient-elles à l'avenir aider à mieux évaluer la saison pollinique ?

Oui, c'est réaliste. En comparant les traces d'antihistaminiques avec les données polliniques et météorologiques, on peut obtenir des informations précieuses sur le début et l'intensité d'une saison allergique. Cela permet de mieux comprendre les facteurs qui influencent les symptômes dans la population et aide à déterminer comment y réagir pour prévenir ou soulager les troubles.

Quel est l'intérêt pour la santé publique ?

La méthode est simple, anonyme, fiable et fournit une image réaliste sans avoir recours à des enquêtes. Elle aiderait à comprendre quand et pourquoi les symptômes s'aggravent, et permettrait aux personnes concernées de mieux s'y préparer. Elle ouvrirait aussi la voie à l’identification d’allergènes encore peu connus, comme le pollen d’if.

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