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12.12.2023

Vivre avec l'asthme: Sarah van Berkel ne se laisse pas abattre

Se soucier des limitations imposées par son asthme? Pas question pour la patineuse Sarah van Berkel.

La plupart des personnes atteintes d’asthme décriraient probablement la sensation d’étouffement comme l’événement le plus marquant en lien avec leur maladie. Mais pas l’ancienne patineuse professionnelle Sarah van Berkel.

Pour elle, le souvenir horrible lié à l’asthme est un appareil fumant avec un tuyau terminé par un embout buccal. Enfant, elle devait s’asseoir devant cet appareil trois fois par jour pour inhaler le contenu vaporisé d’une ampoule.

Sarah n’en avait absolument pas envie et elle était également ingénieuse: «Chaque fois que papa ou maman ne regardaient pas, je soufflais bien fort dans le tuyau pour que le liquide ressorte de l’autre côté. Comme cela, j’avais plus vite fini d’inhaler», raconte Sarah, âgée de 38 ans aujourd’hui, en riant.

À cette époque, elle n’avait pas encore compris que cet appareil tant détesté permettait d’éviter des crises d’asthme graves et l’impression d’étouffer. Faut dire qu’elle n’en était pas loin une fois par an. De manière forcée, car lorsqu’elle était encore sportive d’élite sous le nom de Sarah Meier, les médicaments contre l’asthme se trouvaient sur la liste des substances interdites.

Pour obtenir une autorisation, la Zurichoise devait une fois par an prouver qu’elle souffrait effectivement d’asthme à l’aide d’un test de la fonction pulmonaire. «Je devais chaque fois inhaler quelque chose qui déclenchait une crise. Une sensation très désagréable.»

La championne européenne et double médaillée d’argent des championnats d’Europe souffre d’asthme allergique depuis son enfance. Les déclencheurs sont le seigle, le bouleau, les graminées tardives, la poussière de maison ainsi que les poils de chiens et de chats. Un asthme d’effort s’y est ajouté ensuite. L’air froid des patinoires avait peut-être renforcé les symptômes.

Mais Sarah van Berkel n’a jamais eu l’impression que sa maladie la défavorisait sur le plan sportif. Peut-être parce qu’elle n’était pas la seule. «Pratiquement une personne sur deux avait de l’asthme dans notre groupe d’entraînement.» Si elle avait oublié ses médicaments, il y avait toujours quelqu’un qui pouvait aider. «Le seul problème était que parfois, après mon programme libre, je ne savais pas si j’étais essoufflée à cause de mon asthme ou parce que je ne n’étais pas suffisamment entraînée.»

À part cela, elle avait toujours contrôlé sa maladie. Tellement bien qu’elle n’y pensait presque plus et qu’elle avait décidé d’arrêter les médicaments préventifs quotidiens après avoir quitté le sport professionnel. «Je n’avais jamais eu de crise, donc je pensais que je n’en avais plus besoin.»

Jusqu’il y a quelque temps, le jour où elle a voulu passer la nuit chez la famille de son mari et uniquement réalisé sur place qu’elle réagissait allergiquement aux deux chats de la maison. «J’ai soudainement eu cette impression d’avoir trop peu d’air, comme si je respirais à travers un filtre. C’est à ce moment que j’ai vraiment réalisé que je suis asthmatique.»

Pour couronner le tout, elle avait également oublié son spray d’urgence à la maison. Elle a d’abord essayé d’inspirer et expirer consciemment, mais vite compris qu’elle ne fermerait pas l’œil de la nuit. C’est alors qu’elle s’est souvenue que la mère d’une amie également atteinte d’asthme habitait à proximité et pourrait lui prêter un spray, comme le faisaient ses collègues d’entraînement auparavant. Sarah van Berkel a eu de la chance.

«Je n’aurais pas dû arrêter les médicaments préventifs de ma propre initiative. Je le sais maintenant.» Elle voulait seulement que son allergie lui dicte le moins possible sa vie quotidienne. «Je ne donnerais jamais notre chatte et je ne quitterais pas non plus notre maison à l’orée du bois», ajoute la mère de deux enfants. Pas question non plus de renoncer aux activités en pleine nature. «Entraîner ses poumons est tellement important, surtout lorsque l’on souffre d’asthme.»

Bien sûr, elle est privilégiée et sa souffrance demeure limitée. «Mais avant de devoir me limiter fortement, j’essayerais d’abord toutes les autres possibilités.» Elle est également ouverte à des méthodes alternatives comme l’hypnose. «J’ai appris à quel point le corps et l’esprit interagissent dans le sport d’élite. Cela ouvre de nombreuses possibilités pour gérer ses blessures ou ses maladies et j’en profiterais en tout cas.»

Article de Denise Jeitziner, parue dans aha!magazin 2023, auquel on peut s'abonner gratuitement.

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